Bonjour les Scubes (et les curieux) !
Je passe ma 3A au Danemark, tout près de Copenhague. Tout va bien, je me suis musclé les cuisses comme jamais avec le vélo. On m’a d’ailleurs dit que j’avais l’air d’un « bœuf sous stéroïdes » (ceux qui connaissent mon entourage n’auront aucun mal à reconnaître la finesse d’expression). Je commencerais donc ma carte postale en vous conseillant de vous entourer de gens qui vous aiment tels que vous êtes, c’est important.
Je vis chez une famille d’accueil, où je loue une chambre, à côté d’un grand parc magnifique avec des cerfs. J’ai l’impression que de là-bas, le ciel apparaît toujours différemment. Un événement majeur s’y est déroulé le mois dernier : l’Hubertusjagt, une course hippique traditionnelle (un cross-country), qui rassemble chaque année des milliers de Danois. C’est ce jour-là que j’ai senti tout le bénéfice de vivre en famille d’accueil, parce que je n’aurais jamais entendu parler de cette fête sans eux. L’événement s’est enchaîné sur un repas avec famille et amis, où la fatigue s’est abattue d’un coup sur moi après avoir écouté et parlé danois pendant plusieurs heures.
J’ai commencé à apprendre le danois l’année dernière à Sciences Po, où j’ai rencontré via l’association Melting Potes Sophia, une étudiante danoise en échange, qui m’a appris les bases. Je prends maintenant des cours intensifs à la fac, en petit groupe. C’est détente, et en même temps on progresse vite. Du coup je peux parler de plus en plus dans ma vie de tous les jours.
J’étudie à la DTU – Technical University of Denmark – une école d’ingénierie, avec des moyens et un certain rayonnement, déjà à travers le pays. C’était un choix stratégique, parce que j’envisageais potentiellement les écoles d’ingénieur après la Scube (je ne l’envisage plus). J’ai suivi pendant un semestre des cours de chimie, conformes aux exigences de l’UPMC : chimie organique en labo, chimie biomoléculaire et spectroscopies, ainsi qu’un cours transversal sur le développement durable. J’ai agencé moi-même mon emploi du temps donc la semaine de cours restait plutôt light, tout en étant assez dense.
En janvier prochain, je vais être buddy pour accueillir les nouveaux étudiants en échange, celle que j’étais il y a à peine quelques mois. Au-delà de la perspective d’ouvrir mon esprit dans un cadre de rencontres international et multiculturel, j’avoue que l’argument du T-shirt à mon nom a compté.
Je vous envoie une photo où certes on ne voit pas grand-chose, mais elle représente pour moi assez bien l’atmosphère danoise. Les fenêtres des appartements à Copenhague sont larges, avec peu de rideaux, donc on peut facilement observer la vie des Danois. Un immeuble éclairé est comme la scène de petites niches de vie. Pour Noël, les fines guirlandes dorées décorent les balcons en ville, les haies et les encadrements de porte en banlieue. Des sapins ont été disséminés à différents endroits de la ville, eux aussi décorés sobrement.
Un immeuble lambda en bordure de canal, en fin d’après-midi ; de l’autre côté (hors photo) c’est Nyhavn, la rue aux maisons colorées – et de ce fait, LA carte postale de Copenhague
En vrac sur la vie danoise : les transports sont chers, je ne sais pas pourquoi c’est ce qui me choque le plus alors que tout de manière générale est plus cher, et il n’y a pas spécialement de prix étudiants. En même temps, les étudiants danois reçoivent pour faire leurs études une aide de l’Etat – la SU – à laquelle les internationaux peuvent prétendre s’ils ont un job en parallèle. Je reste assez sceptique sur la croyance selon laquelle les Danois seraient l’un des peuples les plus heureux du monde, pour moi ils boivent surtout beaucoup. Il y a d’ailleurs toute une tradition autour de la bière de Noël, mise en vente un soir précis à une heure précise ; j’ai même vu un bar se faire livrer de la neige pour le jour J. On abuse pour moi un peu trop du terme hygge, cette fameuse atmosphère typiquement danoise qui se dégage d’un moment partagé avec des personnes chères à la lumière d’une bougie : tout est rapidement hyggeligt. Par contre, oui, je trouve que les Danois considèrent profondément les interactions sociales qu’ils ont. Ils disent notamment très souvent – pour ne pas dire tout le temps –Tak for i aften, merci pour la soirée etc. C’est une habitude mais chacun semble vraiment sincère en le disant, je trouve ça beau.
La révélation de mon expérience au Danemark jusque-là est l’orchestre où je joue du violon, KUSO. C’est devenu mon cocon dès la première répétition, et j’y rencontre en un seul lieu tant de personnes de qualité (on est d’ailleurs un petit noyau de Français), avec qui je vis plus simplement parce que l’échange coule de source. J’ai joué cet automne pour la première fois avec un chanteur lyrique, et là on se prépare pour jouer une œuvre de deux heures (Elias de Mendelssohn) et accompagner une chorale de cent personnes.
Si vous voulez découvrir de la musique danoise, outre MØ qui est limite un symbole national, je vous propose Helwa de Gilli (je trouve la chanson addictive, mais aucune idée de la signification des paroles), ou encore Fedterøv de Folkeklubben, une perle de douceur signifiant « cul gras » :
Og 1. maj er du på plads (tu es sur la place le 1er mai)
Du vil redde verden med din Fjällräven på ryggen, Drop dog det gas (tu veux sauver le monde avec ton sac Fjällräven sur le dos, … oui je ne traduis pas drop dog det gas)
Du prædiker solidaritet (tu prêches la solidarité)
Men du’ en fedtet, akademisk cafe-latte-narkoman, og en falsk profet (mais tu es un narcomane au café latte, gras, académique, et un faux prophète ; cela dit, je suis passée au niveau supérieur en me mettant au chai latte.)
Je finis avec la chanson « Paris Métèque » de Gaël Faye : « On n’écrit pas de poèmes pour une ville qui en est un ». Aucun rapport avec Copenhague donc, je n’essaie d’ailleurs pas de comparer les deux villes. Je ne sais pas ce que je vais faire après la 3A, dans quel pays ou quelle ville je préfère vivre, mais j’ai trouvé les meilleurs mots pour décrire Paris, où je suis un peu restée.
Passez de joyeuses fêtes !
Laura
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